Ê

A quoi ça sert ?
Pour qui pourquoi ?
Quoi faire de ça ?

A défaut d’y répondre,
Tenter d’y réfléchir.

Munie du fil de ma pensée, je m’en vais explorer cet Être tout entier pour (tenter
de) lui trouver une raison.

Un texte d’abord, un poème.
Ecrit en vers libres,
Je m’amuse de cette langue fertile
Qu’il m’est permis de tricoter.
La fait sonner
De cette manière singulière
Qui tinte à mes oreilles,
Et se joue de mon cerveau.

Un objet sonore, donc.
Partition de mots
Portée par celle d’un instrument ample, électrique.
Le son d’une guitare
Accompagnera la pensée,
Ponctuera cette étonnante conférence,
Se mariera délicatement à la voix
Pour souligner la résonnance.

Un monologue, enfin.
Une réflexion saugrenue,
Tendre ou troublante
Sur notre présence au monde.
Une parole ne pouvant être véhiculée
Que par une figure sans âge,
Sans nom,
Et sans principe.
Aller chercher cet Autre au fond.
Clown, ange, illuminé,
Appelons-le comme on voudra !
Cet individu éternel
Sera une ultime fois convoqué
Pour éclairer de sa spontanéité
Cette cogitation existentielle

[Réflexion / avril 2025]

Écoutes poétiques…

Atelier radiophonique intergénérationnel

Cette écoute est le fruit de l’atelier poétique et radiophonique mené au Nouveau Relax (Chaumont – 52) le 8 octobre 2022.

Atelier mené par Estelle Bezault
Prises de son montage et mixage : Quentin Aurat
Avec : Aude, Bérangère, Camille, Houda & Jocelyne

Soliloque · Atelier radiophonique et poétique Nouveau Relax – oct. 22

La voix est libre !

Le projet « La voix est libre ! » a fait l’objet d’un atelier d’écriture et d’éloquence dans les classes de 3ème du collège Francine Leca de Sancerre (18). Il a été imaginé et enregistré sous la forme d’une émission radiophonique en février 2021.

Atelier mené par Estelle Bezault
Prises de son et mixage : Quentin Aurat
Montage sonore : Estelle & Quentin

Soliloque · La voix est libre !

Encombrant(s)

« Vivre, c’est passer d’un espace à un autre en essayant le plus possible de ne pas se cogner. »
[Georges Pérec]

Pour ne pas se vider, l’humain ramasse, assemble, recueille
Il cueille et récolte, il collecte
Il s’occupe, il s’applique et s’attache
Il range, nettoie, remue, débarrasse, répare, recolle, passe, défait, repasse, court, refait dans un sens, râle, essaye dans l’autre, se cogne, se relève, « Allô ? Oui. Non. Oui, oui. Non. », jette, mâche, crache
Enfile, attache, écoute la – éteint, allume, éteint – rallume la radio, débranche, cherche, se met à quatre pattes, tend, souffle, remonte, crie, ouvre, jette, ferme, ouvre et ferme
Ouvre, regarde et ferme
Ouvre, rentre, cherche, monte, remue, soulève, se baisse, arrache
Ça sonne
Descend, saisi, parle, écoute, raccroche
Raccroche les wagons, dézippe, ouvre et ferme, s’assoit
Attend, renifle
Remonte, rattache, tire, ouvre et ferme
Et finalement se vide à petit feu

L’humain occupe son quotidien. Comme il peut. Le quotidien préoccupe l’humain.
C’est ce qui l’emplit – l’humain – le relie à la vie.
Il a inventé de divines machines pour aller plus vite, pour aller plus loin.
Tout s’organise autour de lui. Il maîtrise. Il est maître. Maître de son univers.
A bras le corps, il s’élance dans cette course folle. Et bientôt disjoncte tranquillement.
Ses objets le malmènent, résistent, s’opposent à son bien-être.
Lui, l’humain obstiné, persiste et se débat.
– Tout lui échappe –
Il dompte sa maladresse, réprime sa bêtise
Il s’accroche l’humain
Et dans son sillon, se dessine sa vie
Sa vie bancale et morcelée
Fugace, sans intérêt

C’est à travers le prisme du couple dans nos sociétés contemporaines qu’Estelle
Bezault tente de démêler l’indémêlable : la fragile agitation d’une humanité en
berne. Encombrant(s), c’est une ode à ce qui ne sert à rien, un éloge de la fragilité, une réplique au « toujours-plus-toujours-mieux », un banal drame amoureux.